Je crois que le Seigneur demande un changement dans l'Église


« JE CROIS QUE LE SEIGNEUR DEMANDE

UN CHANGEMENT DANS L’ÉGLISE »
Dialogue privé avec les jésuites des pays baltes

Pape François

 

LA CIVILTA CATTOLICA.fr n.1018 31 octobre 2018 © Parole et Silence/La Civilta Cattolica, 2018

 

Le pape entre dans la salle de la nonciature et salue un à un le Provincial, P. Vidmantas Simkūna, et les autres jésuites présents. Ils sont 28 en tout  : 22 de la province de Lituanie et de la Lettonie, 2 des États-Unis avec des liens directs avec la Lituanie et 4 évêques jésuites : Mgr Lionginas Virbalas, archevêque de Kaunas ; son prédécesseur, Mgr Sigitas Tamkevičius, qui a connu l’emprisonnement aux mains du KGB ; Mgr Jonas Boruta, évêque émérite de Telsiai ; et Mgr Joseph Werth, évêque de Novossibirsk, en Russie, qui fit son noviciat en Lituanie. Le pape parle en italien et ses paroles sont traduites en lituanien par Mgr Virbalas.(Antonio Spadaro, s.j.)

Merci pour votre visite ! Je me rappelle la devise Si cum Iesuitis itis, non cum Iesu itis ... [ici, tout le monde rit]. Merci ! La journée d’aujourd’hui a été chargée, mais je pense que c’était pour le bien de l’Église. Maintenant, pour notre réunion, je pense que la méthode peut être que vous posez des questions et je réponds. Est-ce que ça va ?

Mgr Virbalas propose : « Si vous le voulez, le Provincial pourrait dire quelques mots pour commencer ». Et le pape répond : « Oui, bien sûr ! Ainsi, nous rendons tout plus “hiérarchique” ». Après cette remarque, un rire éclate. Le Provincial se lève et présente la situation de la Compagnie de Jésus en Lituanie et en Lettonie : « Nous sommes très heureux de votre visite. Nous avons tous beaucoup apprécié ce que vous avez dit aux prêtres et aux religieuses. Pour nous, jésuites, c’est une source d’inspiration. Notre province est petite. J’ai un souci particulier : que les jésuites ne “se brûlent” pas. En fait, tout le monde ici a trois ou quatre emplois différents, et ils ne sont certainement pas paresseux. Je voudrais vous remercier de nous avoir apporté de la joie et de la force. Avant la suppression de la Société, la Province lituanienne comptait plus de mille membres. Aujourd’hui, il n’y en a plus que 34 et nous allons bientôt former une seule province avec l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse et la Hongrie. Nous avons trois écoles en Lituanie et quatre églises. Récemment, nous avons ouvert une maison à Riga, la ville que vous visiterez demain. Nous travaillons pour diffuser la spiritualité ignatienne. Dans cet engagement, nous faisons aussi l’expérience d’une belle collaboration œcuménique avec les luthériens. Je dois vous dire que je suis particulièrement reconnaissant aux anciens de notre Province. À l’époque soviétique, ils dirigeaient le noviciat et le séminaire pour prêtres diocésains. Ils se préparaient clandestinement, bien sûr. Une partie des jésuites lituaniens se trouvait en dehors de la province, aux États-Unis. Là, ils ont créé une vice province. Quand nous sommes redevenus libres, certains de ces jésuites qui étaient en Amérique sont rentrés et nous ont aidés à vivre dans l’esprit de Vatican II. À cette époque, nous avons su vivre dans une situation sans liberté. Maintenant, au contraire, nous devons apprendre à bien vivre la liberté. Nous vous demandons votre bénédiction pour nous et pour notre mission. Merci beaucoup, merci beaucoup ».

Je pense qu’il n’est pas difficile pour un jésuite de travailler dans la clandestinité. Le père Hugo Rahner disait que le jésuite doit pouvoir discerner, que ce soit dans le camp de Dieu ou dans le camp du diable. Je crois que le discernement nous donne cette capacité, ce sens du surnaturel : le sens du divin et du diabolique concernant les événements de la vie et de l’histoire humaines. Nous devons demander à être initiés à la fois aux intentions du Seigneur et à celles de l’ennemi de la nature humaine et de ses ruses. Même dans les moments difficiles, le jésuite doit savoir comment avancer. Une autre chose que le Provincial a dite et que j’ai aimée, c’est le fait d’être inquiet parce que certains jésuites mènent de front trois ou quatre activités différentes. Ici, il existe le danger de « se brûler ». C’est donc une question de discernement. Le mauvais esprit essaie de nous amener à une sorte de « complexe parce qu’on ne travaille pas assez ». Parfois, nous nous sentons coupables simplement parce que nous prenons soin de notre santé avec prudence ! C’est une tentation. Les jésuites doivent travailler sans perdre la paix, sans perdre la rencontre avec le Seigneur et sans perdre le repos. C’est important. La première loi du travail pour un jésuite est, avant tout, de faire ce que les autres ne font pas ou ne peuvent pas faire. La seconde est que le travail ne les éloigne pas de la familiarité avec le Seigneur. La troisième est qu’il ne m’enlève pas la paix. Le quatrième est de ne pas faire ce que je peux déléguer à d’autres. C’est ce qui me vient à l’esprit pour répondre à votre préoccupation, mais vous faites bien de vous inquiéter de ces choses.

Mgr Sigitas Tamkevičius prend la parole : « Si, il y a 35 ans, quand j’ai été enfermé dans la prison du KGB, que vous avez visitée, j’avais imaginé qu’un pape viendrait un jour en ce lieu, il aurait été beaucoup plus facile d’endurer les souffrances. Merci, Saint-Père ! Pour moi, c’est un rêve. Vous êtes venu visiter le Golgotha lituanien !

Je veux vous dire ceci : nous disons que Jésus est descendu aux enfers et je vous conseille de ne pas avoir peur de descendre dans les enfers des gens. Parfois, cela signifie même entrer dans le camp du diable. Mais les souffrances humaines, sociales et celles de la conscience ... il faut descendre dans ces enfers, vous devez y descendre. Touchez les plaies. Et, en touchant, les plaies des gens, vous touchez les plaies du Christ. Le jésuite ne doit pas en avoir peur. C’est une grâce qui est reçue de la main du Seigneur. Et ces blessures ne se sont pas seulement ouvertes à Vilnius et dans le passé. La même chose se produit aujourd’hui dans de nombreuses situations sociopolitiques du monde. Je pense à une vidéo qui montre la situation de certaines prisons nord-africaines construites par des passeurs. Quand les gouvernements renvoient ceux qui ont réussi à se mettre à l’abri, les trafiquants les ont placés dans des prisons où il y a les tortures les plus horribles. C’est pourquoi il est important que vous parliez de votre expérience de captivité. Les gens doivent savoir ce que cela signifie. C’est bien que vous en parliez. Aujourd’hui, nous déchirons nos vêtements pour ce que les communistes, les nazis et les fascistes ont fait ... mais aujourd’hui ? Ça n’arrive pas aujourd’hui ? Bien sûr, c’est fait avec des gants blancs et en soie ! Quand Ignace nous propose la troisième semaine, quelque chose semble trop volontariste, mais ce ne l’est pas : ce n’est que très humain. Vous savez, saint Ignace nous demande d’essayer de ressentir de la douleur, de pleurer pour le Christ qui souffre de la passion. Ce n’est pas du pélagianisme, non. Ignace connaissait la résistance en nous quand il s’agit de mettre dans notre cœur les souffrances des autres. C’est pourquoi il nous demande d’essayer. C’est pourquoi il est important de méditer sur la passion du Seigneur. Je dois vous faire une confiance. Je porte toujours avec moi cette Via Crucis de poche, pour me souvenir de la passion du Seigneur [et il la sort de sa poche]. C’est la passion de beaucoup de personnes aujourd’hui emprisonnées, torturées. C’est bon pour moi de méditer sur la Via Crucis. Merci, père ! Merci pour votre témoignage !

Mgr Tamkevičius ajoute : « en 1994, au Synode sur la vie religieuse, j’étais là et il y avait un jeune évêque jésuite argentin. C’était vous ! » Le pape répond : « Oui, j’ai été évêque pendant deux ans. Ils m’ont élu, parce que les deux premiers élus étaient diocésains et qu’ils cherchaient un religieux pour ce synode. Et ils m’ont élu. En 1994. Nous étions ensemble ! » Une des personnes présentes pose une autre question : « Je voudrais demander une faveur pour la nouvelle résidence des jésuites à Riga. C’est une maison d’exercices spirituels. Le patron est saint Pierre Favre. Un frère jésuite de Varsovie a peint son portrait. Nous vous demandons de le bénir et de donner votre bénédiction à notre œuvre, qui est également très importante du point de vue œcuménique. En fait, comme le Provincial vous le disait, même les luthériens de Lettonie s’intéressent aux exercices. L’archevêque luthérien de Riga a fait le mois ignatien en Angleterre, puis il a fait les exercices encore une fois en Espagne, à Manresa. Pour lui, les exercices sont très importants. Et c’est aussi un bon signe œcuménique à une époque de laïcisme comme la nôtre ».

Oui, je connais aussi un jésuite qui pratique les exercices avec les luthériens. Il est bon que Favre soit le protecteur de la maison : il est l’homme du dialogue, de l’écoute, de la proximité, du cheminement. Il n’était pas comme Canisius. Il n’était pas l’homme d’affrontement, de dispute. Il avait cette douceur spirituelle que l’on comprend bien quand on lit son Mémorial. Et il a travaillé avec l’aide des anges. Il a prié son ange de parler aux anges des personnes avec qui il avait rendez-vous. Une belle « mafia » d’anges ! Le cardinal Arborelius de Stockholm donne des retraites aux pasteurs luthériens. Rappelons-nous ceci : le dialogue consiste à ajouter, pas à soustraire. J’espère vraiment que votre œuvre des Exercices se développe bien. Les jeunes qui ressentent le désir de faire les exercices font une belle expérience. Donc, allez-y !

Un autre jésuite se lève et dit : « Je vois que vous avez un amour particulier pour les jeunes et pour l’apostolat des jeunes. Vous portez une grande attention à ceux qui semblent sans importance, les perdus, les abandonnés ... ».

J’aime le fait qu’un jésuite d’un certain âge parle avec tant de sympathie pour les jeunes. C’est très important : la rencontre entre jeunes et vieux. Parce que ce sont les grands-parents qui transmettent à leurs neveux la mémoire d’un peuple, de l’expérience et de la religion. Les parents sont à mi-chemin, ils donnent quelque chose, mais les racines sont dans les vieux. Et les jeunes doivent se préoccuper d’écouter les personnes âgées, comme vous vous préoccupez d’écouter les jeunes. Merci !

Un autre jésuite s’adresse à François : « Saint-Père, j’ai été très touché cet après-midi lorsque nous étions dans la cathédrale, quand vous avez mis l’accent sur la proximité. Il me semble que c’est ce qui manque dans nos pays. Parfois, nous créons des distances par peur de rencontrer des gens. Alors, ce que vous avez dit au sujet de la confession m’a semblé très fort. Le confessionnal est l’endroit où le ministère de la miséricorde est vécu. Je suis encore diacre et je n’ai pas encore cette expérience. Mais ce que vous avez dit était très fort pour moi. Et même quand vous avez dit que, même dans les cas où l’absolution ne peut pas être donnée, il faut accueillir ».

La proximité est l’attitude la plus ancienne de Dieu. Il se présente ainsi : proche. Dans le Deutéronome, il dit au peuple : « Quelle est la grande nation qui a Dieu près d’elle, comme le Seigneur notre Dieu est près de nous chaque fois que nous l’invoquons ? » Il se présente comme le Dieu proche. Et puis il s’est rendu encore plus proche : il est devenu l’un de nous. Le synkatabasis : Dieu est devenu condescendance, proche dans la chair. Toute pastorale qui l’oublie est vouée à l’échec. Jésus est devenu proche des marginaux, des morts – qu’ensuite il ressuscite – des pécheurs, des publicains, des prostituées ... Les professionnels purs et religieux ont été scandalisés. Si un prêtre chasse de manière désagréable un pénitent, l’évêque doit se demander s’il ne convient pas de lui retirer la licence de confession, car le confesseur doit exprimer la paternité. Le confesseur est là pour embrasser le fils prodigue, le fils perdu. Et toujours, toujours, toujours, si tu es père, tu trouveras toujours un moyen de pardonner. Un jour, un cardinal de la Curie, qui confesse régulièrement dans une église de Rome, m’a dit : « Je ne comprends pas comment certains confesseurs font partir les gens. J’essaie toujours de mettre le pénitent à l’aise, pour qu’il puisse bien parler ; je ne lui demande jamais de choses étranges. Et si je ne peux pas donner l’absolution et qu’il me prie de lui pardonner, me disant : Quel père ne pardonne pas un fils ? » Ce témoignage m’a frappé. Il est clair que je ne dis pas qu’il faut avoir le cœur sur la main. C’est vrai que la miséricorde est une chose et avoir le cœur sur la main une autre. Nous devons être des pères, des pères miséricordieux. À Buenos Aires, il y a un grand confesseur capucin. Une longue file se forme devant son confessionnal. Toutes sortes de gens vont se confesser à lui : laïcs, prêtres, religieuses, riches, pauvres ... Et il pardonne largement. Pour être un bon confesseur, il faut être un grand pardonneur ou ... être sourd ! Parfois ce confesseur ressent des scrupules parce qu’il est trop père, c’est-à-dire qu’il pardonne trop. Alors, il va au tabernacle et dit : « Seigneur, pardonne-moi, pardonne-moi. J’ai trop pardonné. Mais quel mauvais exemple que tu m’as donné ! » Ce confesseur n’a pas le cœur sur la main, mais c’est vraiment un père.

Un jeune jésuite lituanien qui a fait ses études théologiques en Afrique demande : « Quand vous avez été élu pape, je faisais mes études de théologie. Il y a trois ans, lorsque je suis devenu prêtre, vous êtes devenu une source d’inspiration pour ma vie de prêtre jésuite. Vous avez tant donné à l’Église. Je voudrais savoir comment nous pouvons vous aider ».

Merci ! Je ne sais pas quoi demander. Mais ce que nous devons faire aujourd’hui, c’est accompagner l’Église dans un profond renouveau spirituel. Je crois que le Seigneur demande un changement dans l’Église. J’ai si souvent dit qu’aujourd’hui le cléricalisme est une perversion de l’Église. Pourtant, il y a 50 ans, le Concile Vatican II avait précisé : l’Église est le peuple de Dieu. Lisez le numéro 12 de Lumen gentium. Je sens que le Seigneur veut que le Concile se fraye un chemin dans l’Église. Les historiens disent qu’il faut 100 ans pour qu’un Concile soit appliqué. Nous sommes à mi-chemin. Par conséquent, si vous voulez m’aider, agissez de manière à faire progresser le Concile dans l’Église. Et aidez-moi par votre prière. J’ai besoin de beaucoup de prière.

Un autre jésuite demande : « L’éducation est une priorité de notre province. Nous avons deux écoles où travaillent 220 enseignants et il y a en tout 1500 élèves. Quels souhaits désirez-vous transmettre à nos professeurs et à nos élèves ? »

J’aimerais dire quelque chose à propos de l’éducation qui peut être utile aux enseignants et aux jésuites qui travaillent dans l’éducation. Il faut sortir d’un héritage négatif d’illuminisme qui consiste à imaginer l’éducation comme un effort pour remplir les têtes d’idées. Aujourd’hui, il existe des écoles et des universités dont le seul but est de préparer leurs étudiants à la « réussite ». Et ils le font en les remplissant de notions. L’éducation implique la personne entière, pas seulement la tête. Je l’ai dit à maintes reprises, et je le répète ici : il y a le langage de la tête, mais il y a aussi le langage du cœur, du sentiment. Nous devons éduquer le cœur. Il faut une éducation des sentiments. Et il y a aussi le langage des mains. Ce sont trois langages qu’il faut maintenir ensemble. Le jeune est appelé à penser à ce qu’il ressent et ce qu’il fait, et il doit ressentir ce qu’il pense et ce qu’il fait et faire ce qu’il ressent et ce qu’il pense. La nôtre est une unité humaine, et tout y entre, l’inquiétude des autres y entre, l’engagement. N’oublions pas le sentir, les sentiments. Ignace était un grand éducateur des sentiments. Et cela doit être le chemin de l’éducation. Il est clair que la tâche des jésuites qui travaillent dans les écoles est également de former des éducateurs compétents. Ils doivent construire une communauté éducative capable de discerner les situations et d’apprendre à enseigner ces trois langages du cœur, de la tête et des mains. Mais, s’il vous plaît, que les jésuites ne quittent pas l’éducation ! La Société ne doit pas abandonner cette mission, car c’est une route solide.

Un jésuite âgé demande : « Est-il possible d’ajouter à la litanie de la Vierge la formule “Regina Lithuaniae, ora pro nobis” ? ».

Bien sûr ! Ici, parmi vous, vous pouvez le faire, comme nous jésuites disons : « Regina Societatis Iesu, ora pro nobis ». Faites-le !

Le pape dit qu’il reste peut-être du temps pour une dernière question. Un jeune jésuite se lève et lui demande : « Saint-Père, vous avez dit que nous devons descendre dans la rue, là où se trouvent les gens. Vous avez dit que l’Église est un hôpital de campagne. Vous avez dit que nous ne devons pas avoir peur du chaos. Et le monde d’aujourd’hui semble dans le chaos. Comment pouvons-nous y faire face sans avoir peur ? »

Regardez, si tu entres seul dans le chaos, c’est mieux que tu aies peur, parce que tu finiras mal. Mais si tu y entres avec la grâce du colloque spirituel avec ton Provincial, avec ta communauté, si tu le fais comme une mission et avec le Seigneur, alors cette peur vient du mauvais esprit. Tu as raison, aujourd’hui, il y a du chaos. C’est la cathèdre de feu et de fumée dont parle saint Ignace dans la méditation des deux étendards. Mais avec le Seigneur, il n’y a pas à avoir peur. Avec le Seigneur, cependant, pas avec les propres caprices ! Dieu est fort, Dieu est plus fort. Je l’ai déjà dit en me souvenant d’Hugo Rahner : nous devons avoir la capacité à dans les deux camps, même dans celui de l’ennemi du genre humain, dans le chaos. Je prends cette occasion pour parler de quelque chose que je voulais vous dire aujourd’hui. Je vous ai dit d’entrer dans le chaos ou dans des situations difficiles, pas seul, mais avec le Seigneur et en dialogue avec le supérieur et la communauté. Et voici le thème du « compte rendu de conscience ». N’aie pas peur ! Le Provincial est un frère. Peut-être demain ce sera à lui de vous faire un compte rendu de conscience. La grâce dans ce récit est que le supérieur et le sujet sont deux frères qui communiquent pour mieux servir le Seigneur. Ce n’est pas une session de questions et de réponses. Le Provincial doit être impliqué dans la vie de l’autre qui entend. Et pourtant, le jésuite qui fait le rapport doit s’engager dans la vie de son supérieur. C’est un dialogue d’interaction dans lequel tous les conflits avec les supérieurs sont dissous. Et la Société devient un corps face au chaos. Toujours avancer en communauté et fraternité.

Se rapprochant de la conclusion, le Pape dit : Merci ! Merci d’être venu me rendre visite et merci pour ce que vous faites pour l’Église ! Priez ! Je vous recommande deux lectures, comme je le fais souvent avec les jésuites. Lisez le discours prononcé par Paul VI, le 3 décembre 1974, devant les pères réunis dans la XXXIIe Congrégation générale. Pour moi, c’est la plus belle chose qu’un Pape ait jamais dite aux jésuites. C’est un petit bijou. Prenez-le, méditez-le. Et je vous recommande également de lire la dernière chose qu’a dite le P. Arrupe, c’est-à-dire le discours aux jésuites qui ont travaillé dans les camps de réfugiés en Thaïlande. C’était son « chant de cygne ». Puis, pendant le vol de retour vers Rome, il a été frappé par un accident vasculaire cérébral. Et ce qu’il avait dit aux jésuites qui travaillaient avec les réfugiés était de ne jamais négliger la prière. Lisez ces deux documents. C’est plus substantiel et plus beau que ce que je pourrais vous dire. Priez pour moi ! Merci ! Maintenant, prions ensemble Notre-Dame, Regina Societatis Iesu ... Avec la prière et quelques autres salutations personnelles, la réunion, qui a duré un peu plus d’une heure, s’est terminée.