Regards sur le Christ, de Jean-Michel Poffet, op


Regards sur le Christ
Jean-Michel Poffet, op
Préface du Cardinal Christoph Schönborn op

« Habité par le regard de Jésus, le regard chrétien a quelque chose de révolutionnaire », explique le cardinal Christoph Schönborn OP, archevêque de Vienne, dans la préface du livre « Regards sur le Christ », que le père Jean-Michel Poffet, dominicain, ancien directeur de l’Ecole Biblique de Jérusalem, publie chez Parole et Silence.

Un regard que le pape François ne cesse d’inviter à laisser se poser sur chacun, à partir de sa méditation sur l’Appel de Matthieu. Méditant sur Guadalupe et ce regard de la Vierge où est imprimée l’image des personnes présentes à l’apparition, le pape a aussi invité à se laisser regarder par Marie.

Un exercice spirituel en quelque sorte. Le cardinal Schönborn explique comment le regard du Christ transforme le regard du chrétien.

 

PRÉFACE

Habité par le regard de Jésus

Ces « regards sur le Christ » de mon cher frère en saint Dominique Jean-Michel Poffet sont, pour nous lecteurs, une précieuse éducation au regard chrétien sans lequel la doctrine devient idéologie et la pratique tourne à l’idolâtrie narcissique. Un véritable retour aux sources de notre foi : l’accueil de la Parole appelée à prendre chair en nous se joue dans un échange de regards.

Le regard du Bon Pasteur amoureux de chacun, un regard qui s’émerveille devant le simple geste d’une pauvre veuve : elle donne tout.

Le regard des disciples – les Apôtres, les évangélistes, tous et chacun des témoins qui scandent le temps de l’Église – devenus « témoins » et « serviteurs » de la Parole (Lc 1,2) parce qu’ils ont été exhaussés dans la rencontre de ce regard qui parle par lui-même: Parole de Dieu présente à chaque aujourd’hui

Dans cet échange de regards qui traverse la rencontre de la Parole de Dieu faite chair, nous sommes conviés à un pèlerinage aux Ecritures. Non pas dabord une analyse académique des textes, non pas une utilisation des versets mais une interprétation dans la foi vive de l’Église de cette partition dans laquelle « l’évangéliste inspiré nous partage son regard pour qu’il devienne nôtre ».

« Apprendre à lire un évangile, c’est apprendre ce regard non anecdotique mais théologique, non mondain mais venu d’en haut. Regard superficiel ou regard attentif, regard du moqueur ou regard du croyant : l’événement est le même mais se révèle plus ou moins selon les dispositions de celui qui l’appréhende. Si celui qui lit ou entend proclamer une page de l’Écriture ouvre son cœur à l’Esprit Saint, alors il sera conduit vers la vérité tout entière. Alors, et alors seulement, il lira l’Écriture « dans l’Esprit dans lequel elle a été écrite », pour reprendre un mot de S. Jérôme cité par le Concile Vatican II dans la Constitution sur la Révélation ».

Habité par le regard de Jésus, le regard chrétien a quelque chose de révolutionnaire. C’est un regard d’amour réévaluant toutes choses – les préceptes, les règles, les priorités, les valeurs, les textes – parce qu’il a été touché par le regard de Jésus dans une rencontre de foi. Le disciple cherche à avancer, il cherche à comprendre, certes parce qu’il aime, mais d’abord parce que dans un échange de regards, il sait être aimé. Se savoir aimé change une vie, oriente nos pensées. La lettre des textes qui parlent de l’aimé prennent une tout autre portée et deviennent lumière pour notre quotidien.

Marie est comme l’icône de cette « attitude de l’Église qui veille à sans cesse revenir sur les événements du salut et les paroles qui les annonçaient. L’Église comme Marie confronte la vie de son Seigneur aux paroles qui l’annonçaient, ou elle part des Écritures pour mieux comprendre ses paroles et ses gestes. Elle confronte aussi jour après jour les événements de son quotidien avec l’Évangile pour éclairer sa route. L’Église, à la suite de Marie, médite ainsi les Écritures, fidèle à son Seigneur qui, pour les disciples d’Emmaüs, relisait toute sa destinée à partir de Moïse et de tous les Prophètes (Lc 24, 27). Cette attitude d’attention aimante, priante et empreinte de respect est un hommage à la vérité, elle permet à l’Esprit d’insuffler du sens au fil des mots et au cœur des événements ».

Jean-Michel Poffet, dans la droite ligne de Dei verbum, et aussi de Verbum domini, manifeste avec ce petit livre comment l’Écriture âme de la théologie est Parole de Dieu dans l’interprétation qu’en fait l’Église célébrant l’Eucharistie et servant le Pauvre. La doctrine elle-même, contenue dans cette Parole, s’articule dans une reprise toujours renouvelée de la Bible et de l’Évangile confrontée aux événement d’aujourd’hui, signes des temps.  «  Le chrétien est invité à se laisser attirer par la présence du Christ en vue d’une rencontre (…) Il faut que la lumière enclose dans les pages sacrées passe en nos cœurs et illumine nos vies. Alors le Verbe fait chair dont la présence est révélée dans les Écritures continuera son œuvre en nous... Je n’ai d’autre ambition ici, nous dit l’auteur, que de faciliter cette rencontre du Christ avec celles et ceux qui ont soif et aspirent à mieux le connaître, à l’aimer et à le suivre ».

Christoph cardinal Schönborn

 


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